Vous, des vieux temps, qui gardez la mémoire,
Qui receuillez légende et souvernir,
Dites pourquoi les amis de l’histoire
Dans l’ancien bourg viennent se réunir:
C’est pour ouïr ses épaisses murailles
Vibrer encore aux échos du clairon,
Et raconter les exploits, les batailles,
Des belliqueux bourgeois du Landeron..
Sur la frontière active sentinelle,
Digne héritier de l’antique Neureux,
Il s’entoura des ondes de la Thielle,
Et se blottit dans les marais tourbeux.
Sur ses remparts, dans des luttes épiques,
On voit toujours maint robuste luron
Verser son sang comme aux temps héroïques
Et faire honneur au bourg du Landeron.
Les ennemis, c’est l’evêque de Bâle,
Fils de l’Eglise autant que fils de Mars,
La dague en mains, pour crosse pastorale,
Il déployait ses altiers étendards.
L’ours de Berne, d’humeur envahissante,
Qui, s’ennuyant derrière Jolimont,
Montrait parfois sa patte menaçante
Pour chercher noise aux gens du Landeron. |
Il y brûla son poil, voici l’affaire:
Un jour il vint accompagné du chat
Mettre le siège et commencer la guerre ….
Mais à bon chat il se trouva bon rat.
L’oin se donna de rudes coups de lance,
Maint chevalier perdit son morion,
Ce fut en vain et, malgré sa vaillance,
L’ours dut céder aux gens du Landeron..
Puis vint Romont et sa bande cruelle
Qu’arrête enfin l’intrépide Baillod
La hach au poing sur le pont de la Thielle
A son secours d’élance Bellenot,
Et sur ses pas cent guerriers hors d’haleine
Prennent au col le hardi Bourguigon
Qui déconfit se sauve dans la plaine,
Demandant grâce aux gens du Landeron.
Mais aujourd’hui, renonçant à la guerre,
Aux coups d’épée, aux jeux des paladins,
Avec succès ils cultivent la terre,
Font prospérer vignes, champs et jardins.
Pour acceuillir les amis de l’histoire,
Ils n’ont pas craint d’ouvrir plus d’un flacon.
A notre tour, empressons-nous de boire
A la santé des gens du Landeron. |